Pas évident d’arriver avec un projet de naissance physiologique dans un service de maternité ultra médicalisé. Vous allez croiser des médecins réfractaires, des anesthésistes récalcitrants et parfois quelques sages femmes ennuyées… Encore une “illuminée” qui compte accoucher sans péri, ben voyons !

Vous reviendrez, chez vous, probablement le moral dans les chaussettes et sûrement un peu inquiète pour le jour J. Disons que vous ne serez pas vraiment aidée dans votre projet.

Alors voici quelques astuces pour favoriser la physiologie de l’accouchement et pour vous permettre de mettre toutes les chances de votre côté !

Rester un maximum à la maison

Pour accoucher sans péri, il vaut mieux arriver à la fin de la dilatation qu’au début (voir article sur les signes qui disent qu’il faut partir à la maternité). Dès que vous arriverez à la maternité, vous serez exposée aux lumières criardes, aux questions sur votre dossier, à la pose d’une voie veineuse et souvent aux longues minutes de monitoring clouée sur un lit.

Préférez le cocon de votre domicile. Baissez les lumières, restez dans votre bulle, prenez une douche ou un bain, faites du ballon et accueillez chaque contraction en soufflant tranquillement. Quand vous arriverez à la maternité, dans le moment le plus intense du travail, vous irez directement en salle de naissance. Et vous aurez rapidement votre bébé dans les bras. Pas de temps pour la péri, pour craquer ou pour douter. L’équipe sera sûrement moins directive et vous pourrez terminer votre accouchement comme vous le souhaitez. Personne n’ose vraiment s’opposer à une lionne arrivée à 10 de dilatation 🙂

Demander une voie veineuse (sans perfusion)

Les maternités imposent souvent (à titre préventif) de poser une perfusion à la maman au cas où les choses tourneraient mal. Mais quelle horreur d’être accrochée à un pied de perfusion quand on cherche une position pour se soulager et que les contractions s’enchainent. Si vous le pouvez, demandez la pose d’une voie veineuse sans qu’elle soit reliée à une perfusion. Ainsi, vous limitez les dégats. Les soignants respectent leur protocole et vous restez libre de vos mouvements.

Restez mobile !

C’est le conseil indispensable. Plus vous bougez, plus votre bébé descend, plus le travail avance. Rester allongée sur un lit, pendant un monitoring ou parce qu’on vous l’a imposé, c’est de la torture pour une maman qui est entrain d’accoucher. Les contractions sont ultra violentes quand la maman est allongée. C’est une position anti-physiologique. Il faut opter pour les positions verticales (debout, suspendue, accroupie, etc.) et balancer son bassin. Ces mouvements de balancier ou de rotation du bassin sont naturels et aident bébé à s’engager.

Optez pour un monitoring sans fil

La même chose que pour la voie veineuse. Si votre maternité est équipée de monitoring sans fil, demandez le. C’est tellement plus confortable de rester mobile pendant le contrôle monito plutôt que d’être coincée sur un lit pendant 30 longues minutes… A la fin du travail, c’est quasiment mission impossible !

Choisissez des positions qui soulagent

C’est le secret. La position qui va vous soulager est LA position qui va aider votre bébé à descendre. Si vous avez des contractions dans le dos, vous vous mettrez naturellement en avant, avec le ventre qui “pend” dans le vide. Cette position par exemple soulage votre dos et laisse de l’espace à bébé pour évoluer tranquillement vers le chemin de la naissance. Faites vous confiance et écoutez votre corps sur le moment. Inutile par contre d’imaginer ou d’anticiper les positions qui vont vous soulager le jour J. Il n’y a que pendant le travail que vous pourrez trouver la/les positions qui soulagent.

Demandez un bain

L’eau chaude à un effet relaxant sur la maman (et peut être sur le bébé :-)). Si vous en ressentez le besoin, demandez un bain pendant le travail. Ça vous aidera à passer une bonne partie de vos contractions de manière plus agréable. Ne vous sentez pas obligée toutefois, certaines mamans vont détester le bain et voir leur travail stoppé après être allées dans l’eau. Faites vous confiance et écoutez votre instinct.Dans la plupart des maternités, la naissance ne peut pas avoir lieu dans le bain. Les sages femmes vous demanderont alors de sortir pour aller dans une salle de naissance ou sur le lit si vous êtes dans une salle nature. Un transfert qui n’est pas toujours agréable…

Baissez la lumière

C’est connu et reconnu, l’obscurité favorise la sécrétion d’ocytocine – l’hormone de l’amour et de l’accouchement qui aide à avoir des contractions efficaces. Au contraire, les lumières vives – comme on retrouve souvent dans les hôpitaux – réveillent votre cerveau et bloquent la sécrétion d’ocytocine. Les ambiances tamisées permettent de créer un sentiment d’intimité et de sécurité qui favorisent les sécrétions hormonales. Donc, pour être baignée dans les hormones et les laisser faire leur magnifique travail, baissez les lumières pendant le travail ou amenez une petite lampe de chevet pour mettre dans la salle de travail.

Ne parlez pas ou très peu

Pareil que pour la lumière, la zone de votre cerveau qui doit être “débranchée” pendant un accouchement est immédiatement allumée si vous parlez ou si vous répondez à des questions. Bien sûr, vous pouvez échanger avec votre conjoint ou les SF 🙂 mais au moment le plus intense du travail, plus vous resterez dans votre bulle plus vous serez connectée à votre corps et à votre bébé. La sécrétion d’ocytocine, qui favorise un accouchement rapide et efficace, peut être bloquée si vous êtes trop sollicitée par l’extérieur. Petit conseil : demandez au papa de répondre à l’équipe médicale. C’est son job ce jour là. Et vous, restez dans votre bulle de la naissance.

Mettez une playlist

Amenez une petite enceinte et diffusez la musique qui vous fait du bien pendant le travail. Cela peut vous aider à vous détendre et à créer une ambiance chaleureuse et rassurante. Juste une astuce : prévoyez une playlist assez longue pour ne pas avoir les mêmes musiques en boucle pendant 12h si jamais !!

Ne vous accrochez pas à votre niveau de dilatation 🙂

Les mamans en travail attendent avec impatience de savoir “à combien elles en sont”. Grâce au toucher vaginal, la sage femme peut dire à quel point le col de l’utérus est dilaté et indiquer aux parents où en est l’accouchement. Lors d’un accouchement sans péri, la nature prend parfois des petits raccourcis 🙂 Il n’est pas rare d’entendre des mamans qui disent : “j’étais à 3, je gérais les contractions comme une cheffe. Pas de soucis. Puis d’un coup, elles sont devenues plus intenses. J’ai passé 1/2h ou plus à encaisser des vagues vraiment très fortes, j’avais même envie de pousser… J’ai demandé à la sage femme qu’elle m’examine et la (!!!) énorme déception… j’étais à 4 ! Horrible, je me suis sentie découragée. Je me suis dit que j’allais jamais y arriver si je souffrais autant à 4. Puis 10 minutes plus tard, j’ai été prise d’une envie irrépressible de pousser. J’ai demandé à mon mari d’appeler la sage femme et là, surprise totale, la tête était là ! Je suis donc passée de 3 à dilatation totale en 10 minutes!”. Souvenez-vous bien de cette histoire.

Faites des sons graves

Les sons et les vibrations sont vraiment les meilleurs amis des accouchements sans péri. Pourquoi des sons graves ? Parce que vous allez les faire avec votre ventre en accompagnant votre bébé vers le bas. Alors que les sons aigus (les cris de douleur en quelque sorte) sont  souvent accompagnés d’un mouvement qui resserre le corps et qui tire vers le haut. Si vous partez dans les aigus au moment du travail, briefer votre conjoint pour qu’il vous rappelle qu’il faut revenir à des sons graves 🙂 N’oubliez pas que les sons sont aussi une manière de respirer et de souffler. Certaines femmes respirent mieux en accompagnant leur souffle avec un son au moment de l’accouchement.

Quant aux hurlements bestiaux… ils sont automatiques et incontrôlables. Certaines n’en feront pas et d’autres sortiront ces râles naturellement. Ce n’est pas une question de caractère ou de tempérament. C’est la nature qui s’exprime et on ne sait jamais à l’avance si on va être louve ou lionne.

Respectez la physiologie

C’est une réalité, les services de maternité sont souvent surchargés et les soignants sont de plus en plus contraints à faire du rendement… Tout cela va à l’encontre de la naissance physiologique bien évidemment. Alors dans cette course contre la montre, une maman qui accouche sans péri devient une perturbatrice. On va alors tout faire pour accélérer son travail : injection d’ocytocine pour déclencher ou accélérer le travail, lui percer la poche des eaux, lui faire un décollement des membranes, lui demander de pousser parce qu’elle est à 10 alors qu’elle n’en a pas eu l’envie, etc. Sauf si votre bébé est en danger (ou si vous êtes au bout du bout du bout !!) refusez toutes ces manœuvres. Elles perturbent le rythme naturel des choses et elles vont déclencher tout un tas de conséquences néfastes : extractions instrumentales, déchirures, épisiotomie, voire césarienne. Rien ne justifie d’accélérer le travail (sauf un cas d’urgence vitale bien sûr !).

Les conditions qui favorisent un accouchement physiologique

Chaleur et/ou eau chaude
Lumière tamisée
Sécurité et intimité (ne pas être dérangée sans cesse)
Laisser faire la nature (ne pas intervenir sans cesse pour accélérer le travail : rupture artificielle de la poche des eaux, ocytocine de synthèse, etc.)
Rester mobile (plus je bouge, plus mon bébé descend)
Faire des sons grave (des ooooo, aaaaaa, ouuuuuu, pour accompagner bébé vers le bas)
Choisir une position qui soulage, ça va aider le bébé à naître