Après un premier accouchement sans péri il y a 10 ans, sans être un souhait de ma part, mais un merveileux souvenir, après une césarienne en urgence il y a 7 ans, j’avais le souhait pour ce troisième bébé d’accoucher sans péri comme le faisaient nos grands-mères…. Le terme etait prévu pour le 5 juin 2019.

J’ai profité d’être rapidement en arrêt de travail pendant ma grossesse pour lire un maximum de récits d’accouchements sans péri, et de livres qui me confortaient dans le fait que c’est l’idéal selon moi… Et puis je l’avais déjà fait, donc je savais déjà que j’en étais capable! La confiance en moi, en mon bébé et en nos corps m’a semblé hyper importante dans cette préparation…

J’ai toujours eu mes bébés avant terme, donc je m’attendais à une naissance assez tôt dans ma grossesse, j’espérais juste que ça ne soit pas trop tôt ! Après de longues semaines de faux travail, qui me stressaient un peu au début et puis passé 36SA me confortaient dans le fait que mon corps se préparait, j’ai entamé à 37 SA la prise de dattes et de tisanes de feuilles de framboisiers quotidiennes…

J’espérais un accouchement rapide comme pour ma première! Une nuit, à 38SA je demande à mon mari de m’accompagner à la maternité, mes beaux-parents viennent récupérer les enfants à la maison. Je rentre rapidement à la maison après qu’on m’ai examinée et confirmé que malgré qu’il soit plus régulier et douloureux j’étais encore sur du faux travail. À 38+2, très tôt, mon mari m’accompagne à nouveau à l’hôpital, après qu’on ai déposé nos grandes chez ses parents.

Nous rentrons à nouveau après 3h sur place. Mon col se modifie trop peu pour qu’on me garde. Je contracte pourtant bien fort et régulièrement, mais il y a plus de 10 accouchements en cours… Mon mari décide de ne pas retourner travailler. Je précise que nous habitons à 40-45min de la maternité en journée. Il a peur de ne pas avoir le temps de rentrer de boulot et de retourner à la mater si les choses se précisent… ça me rassure.

Le soir venu je me sens en colère! J’ai vraiment mal, et c’est compliqué de déranger mes beaux-parents inutilement de multiples fois et de faire des allers-retours incessants, surtout qu’à l’époque notre voiture n’est pas des plus fiables… Je dis à mon mari : Je te préviens, je n’y retourne pas cette nuit… Nous montons nous coucher, je dors malgré les contractions, mais à 1h du matin elles deviennent vraiment trop violentes, je ne peux plus dormir…

Je prends du spasfon, J’essaie diverses positions sans réussir à me soulager… J’ai dans la tête “bouche molle, col mou”, “mon corps sait faire”, “je m’ouvre comme une fleur pour laisser passer mon tout-petit”, “l’endorphine que mon corps fabrique soulage aussi mon bébé”, et toutes ces petites choses m’aident à rester concentrée et à ne pas me laisser submerger…

Au bout d’une heure, mon mari chronomètre les contractions et finit par lâcher “put***, y’a rien de régulier”, ça me perturbe grandement! Je lui dis que j’ai trop mal, que je ne vais pas y arriver! Il me répond “phase de désespérance?” (Je l’ai visiblement bien briefé), je lui dis que non pas déjà. Je n’y crois plus!

Il me fait couler un bain, le but étant de voir si les contractions cèdent dans l’eau… Mais à chaque contraction c’est pire à chaque fois, je n’arrive pas à trouver une position convenable, je suis mieux debout, donc je prends finalement une douche. Mon mari prend la décision de partir. Je ne suis plus en mesure de décider de quoi que ce soit, je suis dans ma bulle…

Il appelle ses parents qui nous demandent de leur déposer les enfants, ce à quoi mon mari répond “”non, on n’a plus le temps, c’est vous qui venez”. Il est 4h05. Je le trouve bien long à préparer le départ (sortir les chiens, etc) et ça m’agace… J’ai l’impression de gérer seule pendant ce temps et j’ai besoin de lui.

On monte en voiture et à peine installée je lui dis que je sens la tête, et que ça pousse! Les 40 min de route me semblent impossible à faire…. Ce n’est pas un pb, mon mari les fera en 13 min! Mais il me dit “j’ai besoin que tu gères toute seule, je gère ma conduite!” Pendant ce temps je commence à paniquer, j’ai peur, je ne suis pas du tout dans les conditions rêvées pour accoucher. Je tâche de rester concentrée sur ma respiration.

Nous arrivons finalement sur place, il n’y a pas de place sur le parking, mon mari me depose devant les urgences et part se garer. C’est la nuit, plan vigipirate oblige, la porte est fermée à clé, je sonne avec ma main sous ma robe à mon entrejambe! On me répond “oui c’est pourquoi?” “Je suis en train d’accoucher” On vient m’ouvrir et on me demande “c’est votre premier?” “non mon 3e”, petit mouvement de speed des 2 soignantes qui m’installent en chaise et courent avec moi jusqu’au bloc mater. Re sonnette, on nous ouvre, je crie que ça pousse… mon mari nous rattrape, il aide deux soignantes à me déshabiller.

La SF m’examine et me dit que la poche des eaux est bombée, je suis dilatée à 7/8, elle me dit qu’il est trop tard pour une péri, regard de panique de ma part et réponse de mon mari “ça tombe bien, elle n’en veut pas!” De mon côté, j’ai beau être sur le lieu de l’accouchement, le stress a du mal à retomber, mon mari lui est visiblement rassuré.

L’équipe en poste est géniale! La SF décide de me poser une voie veineuse et de me faire un monito rapide pour la forme du dossier. Elle s’absente même une minute vérifier un autre monito en cours. Le bloc est toujours aussi blindé que la nuit précédente (pleine lune oblige! ^^) lorsqu’elle revient elle me dit “je m’installe et on y va”. Elle rompt la poche des eaux et là je sens que ça pousse nettement plus. Cercle de feu ++. Je crie comme un cochon qu’on égorge, toujours cette panique qui ne m’a pas quitté, alors que je sais que je me met en difficulté en criant ainsi.

La SF me dit “regardez moi dans les yeux, ecoutez moi, ensemble on va y arriver et ça ira vite, si vous m’écoutez bien et que vous me faites confiance!” J’avais tellement besoin de ça! Je me ressaisit, je l’écoute, pousse fort ou doucement qd elle me le demande… et en qlq minutes mon bébé est là! Cordon court, elle ne le coupe pas de suite à condition que je ne tire pas mon bébé plus haut sur ma poitrine. Quel soulagement!!! Mon bébé est magnifique, un petit garçon en pleine forme que l’on appelle Mathys (Don de Dieu). Je remercie l’équipe mille fois, et je m’excuse d’avoir eu si peur et d’avoir crié… Mathys tète pendant 1h30 et je me lève, comme si de rien avec juste qlq points pour une légère déchirure…