La HAS (Haute Autorité de Santé) s’est penchée sur le sujet de l’accouchement et a édité un guide des bonnes pratiques à destination du personnel soignant encadrant la naissance. Que faut-il retenir de ce guide ? Et quels arguments peuvent peser du poids pour faire respecter votre projet de naissance auprès des équipes médicales.

L’objectif de ce guide est simple : définir pour les femmes à bas risque obstétrical, les modalités de prise en charge de l’accouchement respectueuses du rythme et du déroulement spontané de la naissance et des préférences des femmes.

À l’origine : une demande grandissante des femmes de prise en charge moins médicalisée de l’accouchement

“Dans ce contexte, a émergé de la part des usagers la demande croissante d’une prise en charge moins médicalisée de l’accouchement et plus respectueuse de la physiologie de la naissance,en particulier dans les situations de bas risque obstétrical. Elle s’est traduite par la création de lieux spécifiques à l’accouchement physiologique tels que les maisons de naissance(autorisées dans le cadre d’une expérimentation), ou les unités dites «physiologiques»(dénommées également sous diverses terminologies telles qu’«espaces physiologiques» ou «salle nature», ou «unités sage-femme»,mais dont le fonctionnement et l’organisation ne sont pas encore établis). Cette demande correspond au souhait des femmes d’accoucher dans le respect du processus physiologique (avec notamment, une technicisation si nécessaire, une liberté posturale, une surveillance du rythme cardiaque fœtal (RCF) en discontinu, une prise en charge non médicamenteuse de la douleur, etc.).”

Les enjeux qui mettent tout le monde d’accord 🙂

  • Répondre à la demande des femmes: moins de médicalisation et davantage de respect du déroulement spontané de l’accouchement
  • Garantir la sécurité des femmes et de leur enfant
  • Harmoniser les pratiques, notamment dans les différents lieux dédiés à la physiologie
  • Éviter un gaspillage de moyens ainsi qu’un risque iatrogène de la surmédicalisation et du sur-traitement
  • Apporter aux femmes une information claire et loyale leur permettant de choisir les modalités d’accouchement qui leur conviennent

Bientraitance et respect dans le secteur naissance

La Haute Autorité de santé préconise :

  • le respect du choix fait par la femme et l’accompagnant
  • le soutien attentif de la femme et de l’accompagnant durant l’accouchement
  • le respect de l’intimité et de la dignité sur le lieu de l’accouchement (salle de naissance individuelle et insonorisée,contrôle de la température,etc.)
  • l’information sur la prise en charge de la douleur (sur tous les types d’analgésie disponibles), la proposition d’un contact en peau à peau et de la mise au sein, les facteurs de risque éventuellement identifiés et les modalités de leur prise en charge sur place ou dans le cadre d’une orientation ou d’un transfert

Qu’est-ce qu’un accouchement normal selon la HAS ?

L’accouchement normal est confirmé par la normalité des paramètres vitaux de l’enfant et des suites de couches immédiates pour la mère. Il permet la mise en place dans un climat serein d’un certain nombre d’attentions favorisant le bien-être maternel et familial et l’attachement parents/enfant.

Informer les femmes pour leur laisser le libre choix

Les informations portent sur:

  • l’organisation de la maternité (notamment pendant les service de garde) et des limites que l’organisation impose quant au libre choix d’un praticien ou à la disponibilité de certains moyens et techniques
  • toute intervention médicale pouvant être proposée et réalisée au cours du travail et de l’accouchement. Toute intervention ou pratique de soins non urgente doit faire l’objet d’un consentement oral libre et éclairé
  • les indications, les possibilités, les limites, les risques éventuels et les contre-indications des différentes interventions non médicamenteuses (acupuncture,immersion,etc.), médicamenteuses (anesthésie loco-régionale, administration d’ocytocine,etc.) et techniques (auscultation intermittente, rupture de la poche des eaux, épisiotomie,etc.) utilisables au cours du travail et de l’accouchement, et notamment pour diminuer la douleur. Elles seront clairement exposées et discutées, afin d’aider les femmes à faire un choix éclairé.

Les petites victoires qui vont permettre aux femmes de vivre un accouchement plus naturel

Poussées réflexes

Quand commencer les efforts expulsifs ? Il est recommandé de ne pas débuter les efforts expulsifs dès l’identification d’une dilatation complète mais de laisser descendre la présentation du fœtus. Afin de diminuer la durée des efforts expulsifs et le taux de naissance opératoire (césarienne ou extraction instrumentale), il est conseillé, si l’état maternel et fœtal le permettent, de débuter les efforts expulsifs en cas d’envie impérieuse maternelle de pousser ou lorsque la présentation a atteint au moins le détroit moyen.

Positions libres pendant le travail

Postures maternelles ? Il n’existe pas de posture particulière ayant fait preuve de sa supériorité.En l’absence de contre-indication et sous réserve d’une surveillance maternelle et fœtale préservée, il est recommandé d’encourager les femmes à adopter les postures qu’elles jugent les plus confortables lors du second stade du travail.

Ocytocine de synthèse non systématique

Il est recommandé de ne pas administrer d’ocytocine en l’absence de stagnation de la dilata-tion, même si la fréquence des contractions utérines est inférieure à trois par dix minutes. En revanche, elle doit être proposée en cas de stagnation de la dilatation à membranes rompues.

Soutien individuel et personnalisé

Il est recommandé:

  • que toutes les femmes puissent bénéficier d’un soutien continu, individuel et personnalisé, adapté selon leur demande, au cours du travail et de l’accouchement
  • de mettre en œuvre les moyens humains et matériels nécessaires permettant aux femmes de changer régulièrement de position afin d’améliorer leur confort et de prévenir les complications neurologiques posturales

Possibilité de boire pendant le travail

Bien-être de la femme, hydratation et alimentation pendant le travail : la consommation de liquides clairs (eau, thé sans lait/café noir sucrés ou non,boissons gazeuses ou non, jus de fruit sans pulpe) est autorisée pendant toute la durée du travail (y compris pendant le post-partum immédiat), sans limitation de volume, chez les patientes ayant un faible risque d’anesthésie générale.

Position libre pour la naissance

Techniques de poussée : Il n’y a pas d’argument pour recommander une technique de poussée plutôt qu’une autre. La femme doit pousser de la manière qui lui semble la plus efficace.

Interdiction totale de l’expression abdominale

Cette manœuvre consiste à appuyer avec force sur le ventre de la mère au moment de la poussée pour faire sortir le bébé plus rapidement.

L’expression abdominale est associée à différentes complications et notamment des déchirures des 3e et 4e degrés. Il est recommandé de ne pas recourir à l’expression abdominale. Le vécu traumatique des femmes et de leur entourage, et l’existence de complications, rares mais graves, justifient l’abandon de cette technique.

Épisiotomie uniquement dans certains cas (rares)

Il est recommandé de ne pas réaliser d’épisiotomie systématique, y compris chez la primipare et en cas d’antécédent de déchirure périnéale sévère. Aucune circonstance obstétricale spécifique ne justifie une épisiotomie systématique, mais dans toutes ces situations, une épisiotomie peut être judicieuse sur la base de l’expertise clinique de l’accoucheur.

Clampage tardif du cordon

Le clampage retardé du cordon ombilical est préconisé au-delà des trente premières secondes chez les nouveau-nés ne nécessitant pas de réanimation. Cette recommandation reprend celle de la Société française de néonatologie.

Respect du premier lien mère-enfant

Contact précoce entre la mère et le nouveau-né : Si les paramètres observés sont satisfaisants (respiration présente, cri franc et tonicité normale), il est recommandé de proposer à la mère de placer aussitôt le nouveau-né en peau à peau avec sa mère si elle souhaite, avec un protocole de surveillance, de le sécher de lui mettre un bonnet et de le couvrir avec un lange sec et chaud, et d’évaluer le score d’Apgar à une et à cinq minutes.

Il est recommandé de :

  • éviter la séparation de la femme et de son enfant car cette proximité physique est l’un des éléments essentiels permettant un attachement de bonne qualité entre la mère et son enfant
  • veiller à dégager la face du nouveau-né et en particulier les narines lorsqu’il est placé contre sa mère après la naissance et expliquer cette «bonne position» aux parents
  • veiller à la présence d’une tierce personne au près de la mère et de l’enfant
  • encourager et accompagner l’allaitement maternel et la première mise au sein dans le respect du choix de la femme, dès que possible après l’accouchement.

Attendre au moins 1 heure après la naissance pour les soins de routine

Il est recommandé de différer au moins après la première heure suivant la naissance, les soins post-nataux de routine tels que la pesée, les mesures, la prise de température .

*Le texte en italique est directement extrait du pdf : Recommandation de bonnes pratiques – Accouchement normal, accompagnement de la physiologie et interventions médicales