Mon Amour, mon bébé Bonheur,

Je ne peux pas raconter l’histoire de ta naissance sans parler de celle de ton arrivée dans notre vie. Ce matin du 22 janvier, j’attends avec impatience mon rendez-vous menstruel… qui ne viendra finalement qu’un an plus tard! Je découvre avec effroi, ma main tremblant sur un test de grossesse positif, que tu as décidé de rejoindre notre famille. Le temps passe. Au fil des semaines et à mesure que tu grandis au creux de mon ventre, mon coeur te fait une place de plus en plus grande. Première échographie à 8 SA. J’entends ton coeur battre. Et le mien se soulever d’amour pour ce petit être que la vie à mis sur notre chemin. Ta naissance sera différente, je m’en fais la promesse. Naturelle, douce, respectueuse. Elle sera différente des deux premières: avec péri et forceps pour ton grand frère, déclenchée, sans péri et ultra rapide pour ta grande soeur. Je me prépare à ton arrivée: hypnose, relaxation, je mets toutes les chances de mon côté pour nous offrir la plus belle des venues au monde. Mais à 32 SA, lors d’un contrôle, ce que je redoutais tant arriva: “Madame, votre bébé est en siège”. Dans ma maternité, impossible d’accoucher un bébé en siège par voie basse, ce sera césarienne d’office! Je décide donc de m’entourer au mieux pour te convaincre de basculer tête la première: osthéopathie, acupuncture, pont indien, hypnose encore et toujours… rien ne semble fonctionner. Ma gynécologue me propose une version par manoeuvre externe. Rendez-vous est pris à la maternité pour ce geste délicat. Je suis à 36 SA + 5. Une fois arrivée, la sage-femme tâte mon ventre et me lance “Ohhh on sent bien la tête de votre bébé sous vos côtes”. On me pose tout de même la sonde de l’échographie sur le ventre, pour vérifier ta position, et là miracle! Ce que la sage-femme sentait n’était pas ta tête mais bien tes fesses! Tu avais basculé sans que je m’en rende compte. Mes espoirs d’un accouchement physiologique rejaillissent et ma joie explose! Le temps file jusqu’au terme de ma grossesse. Dehors, les feuilles commencent à jaunir. L’automne arrive et avec lui, la promesse de ton arrivée imminente. 40 SA+5. Ce matin-là, un liquide chaud, coulant entre mes jambes, me réveille. Il est 8h du matin. Je me rends aux toilettes, pensant que ma vessie m’avait joué un sale tour, mais quelques minutes plus tard, rebelotte. J’appelle ma maternité et mon mari, parti travaillé. Nous arrivons à l’hôpital à 10h. On me pose un monitoring. Mon Amour, tu vas parfaitement bien, mais les contractions se font attendre. Mon col est ouvert à 2 cm, mais encore long. Nous décidons donc de sortir marcher une heure. Une fois revenus, nous avons droit à une nouvelle session de monitoring, c’est le calme plat. En attendant ton arrivée, on m’hospitalise en salle de pré-travail, où un autre couple, visiblement là depuis des jours, s’impatiente fortement. De mon côté, les contractions démarrent doucement. Nous quittons la chambre pour arpenter les couloirs et les escaliers de l’hôpital. Les contractions s’intensifient, mais la douleur est largement supportable. A 15h, la sage-femme m’examine. Je suis toujours dilatée à 2 cm! Elle me propose tout de même de descendre en salle de naissance. Je croise les doigts pour bénéficier de la salle nature… perdu! Il est 16h. Là encore, nous arpentons les couloirs de cet étage que nous connaîtrons bientôt par coeur. A 17h, la douleur m’empêche de sortir de ma chambre. J’ai besoin de rester dans mon cocon, ma tanière. Je prie pour que la sage-femme m’annonce une bonne nouvelle lorsqu’elle m’examine une nouvelle fois. “Madame, vous êtes toujours à 2 cm!”. Impossible! A 17h45, nous appelons ton grand frère et ta grande soeur, gardés par tes grands-parents.: “Votre petit frère va bientôt naître, Maman va bien”. Je peine à parler et préfère couper rapidement court à la conversation. Une fois la conversation terminée, nouvel examen et même diagnostique. Je demande alors une séance d’acupuncture pour faire véritablement démarrer le travail. Il est 18h. La sage-femme me pose l’aiguille sur le ventre et la réaction fut imminente: une contraction d’une intensité incomparable avec celles que j’avais vécu jusque là. Il faut dire aussi que, pour la première fois de la journée, j’étais forcée de rester coucher. La sage-femme en profite pour me poser un monitoring. Tu vas parfaitement bien! Mais les contractions s’enchaînent toutes les 2-3 minutes. Elles sont insupportables. Cette position ne me convient pas et j’ai hâte qu’on me libère. Une fois debout, les vagues arrivent les unes après les autres. Je n’anticipe aucune d’elle, vis chacune comme si c’était la dernière. Je tourne en rond, râle, plus personne n’existe à part mon corps et toi. Mon mari est présent, mais je n’entends plus le son de sa voix. La nurse vient se présenter. Très bien, mais non, ce n’est pas le moment. Je bouge mon bassin dans le vide, sur le ballon, je m’étire sur le lit. Je n’ai plus la notion du temps. Et puis cette sensation. Je la connais, pour l’avoir vécue lors de la naissance de ma fille. Ce besoin animal de pousser. Je suis seule dans la salle avec mon mari et debout, à moitié accroupie, je pousse. Paniqué, mon cher et tendre me demande ce que je fais. “Hé bien je pousse, il arrive!”. Je prends alors conscience que personne n’est là pour te réceptionner. Pour la première fois de la journée, j’ai peur. Mon mari appuie frénétiquement sur la sonnette. La sage-femme et la nurse débarquent en courant. “Vous êtes à dilatation complète Madame”. Elles me proposent de me mettre à quatre pattes. La douleur est insupportable. J’ai le sentiment qu’on m’éviscère. Je pousse encore à deux reprises et j’entends enfin le son de ta voix. Il est 19h25. QUEL BONHEUR! Je ne te vois pas tout de suite, on m’apprend que tu as le cordon autour du cou, sans grande conséquence. Enfin je me lève et m’installe sur le lit avec toi. Nous nous regardons. Autour de nous, la vie continue. Entre nous, le temps s’arrête. Tu es là, mon bébé surprise, mon Amour, mon bébé Bonheur. Je suis fière d’avoir pu t’offrir une magnifique naissance. Je me sens forte et femme. Ce que nous avons vécu ce jour-là n’appartient qu’à nous. C’est notre trésor que nous garderons jalousement.