Tout a commencé au centre d’échographie pour le contrôle de routine. Le docteur nous a dit : “la courbe de poids a fléchi. On se revoit dans une semaine.”. Aïe… notre projet en maison de naissance était en train de tomber à l’eau. Et puis une semaine après, de nouveau le même constat. La courbe de poids n’avançait toujours pas. C’était scientifique, c’était sous nos yeux. Et puis, il y a eu cette phrase que le docteur a prononcé : “votre enfant grossirait mieux à l’extérieur. Votre bébé est à la diète là et il a faim. Il faudrait le sortir et déclencher l’accouchement.”

On a programmé une date de déclenchement. Exit notre projet d’accouchement en maison de naissance… On avait tellement adoré pour notre premier bébé. C’est un coup dur. Mais on est resté positifs. On savait que la nature est bien faite, on en avait déjà eu l’expérience. On s’est dit : “ça va aller, il faut juste lui donner un petit coup de main. Il va nous dire lui même quand il veut sortir”. Il était prêt et ça serait bien que ça se déclenche naturellement avant la date prévue du rdv à l’hôpital.

Le pré-travail a commencé quelques heures avant le rdv.

On s’est fait une raison pour le lieu mais on s’est lancé dans un autre combat. L’accouchement doit commencer avant qu’on arrive là bas. Et on veut que ça soit une décision de l’enfant et de la maman.

C’est la force de ma femme qui a activé des choses. Elle a contacté un acupuncteur par exemple. Elle a remué ciel et terre pour que le travail démarre naturellement. Et ça a marché ! C’est à dire que le pré-travail a commencé quelques heures avant le rdv. Mais on a quand même eu doit à l’ocytocine parce que le travail n’était pas assez avancé et ils voulaient vraiment qu’il sorte.

On est arrivé là bas et ouf, tout était déjà mis en marche. C’était le début. On était avec un sage femme magnifique. En plus, il était hyper cool. Il le portait en lui. C’était idéal pour nous. Il y avait aussi une étudiante sage femme qui devait apprendre le métier… mais l’équipe des 2 marchait bien. Nous deux on était bien. On était zen. Tout se passait bien jusqu’à ce qu’arrive un médecin.

Ma femme s’est défendue tout de suite avec aplomb.

C’était une femme très sèche, obtus et pas du tout dans notre délire. Si je pouvais refaire cette scène, je réagirais différemment. Mais j’étais choqué. Ma femme, elle, s’est défendue tout de suite avec aplomb. Elle a eu ce courage que je n’ai pas eu de la faire sortir. La Docteur voulait à tout prix mettre de l’ocytocine. On devait faire ouvrir ce col et on était parti sur une technique mécanique avec le petit ballonnet. C’était un peu galère à mettre mais ça s’est avéré parfait.

La Docteur disait : “ça ne marchera pas. C’est pas ça qu’il vous faut. Il vous faut de l’ocytocine”. Et ma femme lui a tenu tête très facilement. Elle a refusé. Et on pensait très fort « on est bien là, ne venez pas tout nous foutre en l’air ».  Alors elle est repartie, ses mains dans les poches. Avec beaucoup d’arrogance et de dédain. « Faites comme vous voulez ». Et elle nous a dit « et ben vous êtes là pour un moment… ! ».

Et alors ?! C’est le choix qu’on a fait : le naturel à tout prix.

On est là pour un moment ? Et alors ?! C’est le choix qu’on a fait : le naturel à tout prix. Moi j’ai été soulagé de son départ en même temps que j’ai pris conscience du danger. Je me suis dit « ouf, on a évité ça ». Ma femme m’a impressionné sur ce coup là. Et j’aurais aimé qu’elle n’ait pas à se défendre à ce moment là. J’aurais voulu jouer ce rôle là mais je n’étais pas assez vigilent. J’avais lâché toutes les défenses. Je n’étais pas prêt à me battre.

Donc, on a donné des petits coups de pouces avec le ballonnet. Ça a super bien marché d’ailleurs. Et au final, juste un petit coup d’ocytocine mais on a arrêté rapidement parce que les contractions ont augmenté fortement et ce n’était pas du tout ce qu’on voulait. Déjà parce que c’était très douloureux et puis parce qu’on avait pris conscience qu’on préférait que l’accouchement dure longtemps. Du moment que l’évolution de l’accouchement était naturelle. On l’avait écrit dans notre projet de naissance.

L’ocytocine a changé les contractions, immédiatement. Moi je n’étais pas bien à ce moment là. Ma femme souffrait trop, d’un coup. Ce n’était pas un joli crescendo. Alors certes, on a eu besoin d’accélérer le travail chimiquement mais dès que ça a été lancé, on a laissé à nouveau la nature travailler. On s’est vite retrouvé dans quelque chose de naturel. Vite les contractions sont redevenues « normales ».

Le secret c’est ça : ce sont les choix que tu fais à l’avance dans ton projet de naissance et l’aplomb avec lequel tu vas les défendre. Du coup, même dans un environnement médicalisé tu peux avoir un accouchement naturel.

On a pu continuer à travailler avec ces 2 belles personnes.

Et puis ça a duré pas mal de temps parce qu’on a pas choisi de mettre de l’ocytocine tout le long. On a pu continuer à travailler avec ces 2 belles personnes. À la fin, un obstétricien est venu pour le moment de la naissance. Il était cool. Lui quand il est arrivé, il a vu comment on était organisé. Il a vu que j’avais mon rôle, que je coachais ma femme. Il a vu que les sages femmes faisaient bien leur travail et il a respecté ça. Une petite perle. Il n’est pas arrivé en contradiction. Il a pris les choses comme elles étaient et il a trouvé sa place.

On avait fait le deuil de pas mal de choses avec cette naissance. On était à l’hôpital mais on voulait garder un accouchement naturel. Je me rappelle du monitoring qui bipait tout le temps. Moi je ne savais pas ce qui se passait. En fait, toutes ces choses technologiques amènent énormément de stress. Puis, après quand tu comprends que le monito sonne quand il se déplace, tu te détends.

On n’a pas vécu notre grand rêve de naissance. Mais les êtres humains qui étaient engagés dans cette naissance étaient bons.

On n’a pas vécu notre grand rêve de naissance. Mais les êtres humains qui étaient engagés dans cette naissance étaient bons. Ils nous ont accompagné. Il y a juste eu cette femme acariâtre qui a voulu diriger et qui a pris une volée de ma femme. J’aurais voulu le faire. Ça a été une leçon pour moi. Pour moi c’est l’humain qui est important.

Notre chance c’est que c’était un 2ème enfant. Donc réputé pour naitre plus rapidement. Alors ils nous ont un peu moins mis la pression. Si ça avait été notre premier, on aurait du se battre beaucoup plus pour refuser l’ocytocine tout le long. Notre deuxième chance c’est que la maternité était presque vide ce soir là et on a pu bénéficier de la salle nature  malgré le déclenchement médical.

Les soins au bébé ont été plutôt doux et on a eu 2 heures de peau à peau ensemble. L’absurde est revenu 2 heures plus tard quand je suis rentré chez moi. J’étais là. Tout seul. C’était assez nul. Alors qu’à la maison de naissance c’était magique. On était restés ensemble.

Si on avait un troisième, je referais la maison de naissance

Je laisserais toujours le choix final à mon épouse; mais si c’était a refaire je referais la maison de naissance. Dans le milieu médical l’avis des professionnels est biaisé. Ils ont un quota de drames beaucoup trop important. Ils ont vu des choses qu’on ne verra jamais. Alors oui, ils voient le risque partout. Mais bien entouré, avec des sages femmes expérimentées, on est en sécurité pour accoucher en maison de naissance.

Si je pouvais parler aux autres papas je leur dirais :

Renseignez vous à fond et laissez la peur de coté le temps de vous renseigner. De toute façon, votre femme a quasi pris sa décision. C’est elle qui va faire le plus dur, c’est elle qui va accoucher. Donc la moindre chose que vous pouvez faire face à ce cadeau qu’elle va vous faire c’est d’aller à fond glaner des infos, rencontrer les sages femmes, vous faire votre propre opinion.

Allez au delà de l’opinion de base que vous avez. Car on n’est pas assez avancé dans l’histoire de ces accouchements là pour avoir un feedback qui est juste par rapport à ce que c’est vraiment. Donc, c’est normal d’avoir ces peurs là, parce que c’est nouveau pour vous (même si c’est vieux comme le monde). Et parce que nous sommes une génération qui est née dans l’anesthésie.

Regardez ça de plus près. Parce que c’est déjà l’occasion pour vous, papa, d’avoir une place de choix incroyable. Vous pouvez faire partie de la vie de cet enfant bien avant sa naissance.

Renseignez vous. C’est naturel d’être un peu sceptique au départ. Ça veut aussi dire que vous n’en avait pas rien à faire. Faites-vous votre propre avis et ne vous inquiétez pas. Il y a toujours des sorties de secours. A tout moment (ou presque), on peut dire stop ! Et si vous dépassez le moment où vous pouvez dire stop, c’est que vous allez y arriver 🙂

En tant que papa, on se laisse complètement embarquer dans la naissance. Déjà la notion du temps disparait. C’est votre femme qui fait le boulot mais vous allez être complètement dedans !

Les heures qui suivent la naissance sont magiques. Quand j’ai annoncé à mes amis la naissance de ma fille, j’ai eu droit au traditionnel : “alors on va boire l’apéro ?!” “Euh… merci mais non !! S’il y a bien un moment dans ma vie où j’ai pas envie d’aller boire un apéro c’est bien maintenant !” L’après accouchement est magique. C’était le bonheur de prendre du temps tout de suite avec son enfant.

Et puis faites confiance à votre femme. Elle est connectée avec un instinct hyper naturel. Son intuition est bonne. Il faut l’accompagner la dedans.

Et si j’ai un dernier petit conseil

Tout en s’abandonnant dans l’expérience, soyez prêt. Parce qu’il faudra peut être à un moment que vous regardiez dans les yeux un médecin, qui vient avec tous ses diplômes, vous dire que vous faites faux et vous devrez lui dire non ! Gardez juste une petite méfiance face à l’étranger qui arrive.

Pour lire mon témoignage sur la naissance naturelle de ma fille en maison de naissance : Récit de papa : un premier bébé en maison de naissance