Chères mamans, je me pose enfin devant mon ordinateur que j’allume pour la 1ère fois depuis cette journée où tout a commencé pour notre nouvelle merveille… Je vais essayer de vous raconter, sous forme d’un mini-roman (je ne veux en faire un bref résumé), la venue au monde de notre enfant, en commençant par un début de semaine épique qui vaut bien le détour !

Mon terme est prévu pour le 14 décembre. Notre projet est un accouchement à la maison: désir qui a grandi durant ma 2ème grossesse, qui s’est affirmé suite au visionnage avec mon époux du très beau reportage “Entre leurs mains”, et qui s’est concrétisé lorsqu’enceinte de notre 3ème j’ai eu la joie de savoir qu’une sf aad habitait dans le coin.

Notre 2ème enfant étant né 3 semaines avant terme, à partir de ce délai, je sais que bébé peut arriver. Cette attente de chaque jour, de chaque nuit, est à la fois excitante, et nous rend à la fois bien impatients… C’est loooong….

Lundi 28 novembre : rdv prévu chez l’ophtalmo. On m’a proposé cette date en appelant seulement 1 mois avant, alors vu le délai qu’on a souvent pour prendre rdv chez un ophtalmo, je n’ai pas pu refuser. Je me dis toujours que le Seigneur fait bien les choses et que je pourrai y aller, que ce soit avec le bébé à l’intérieur ou à l’extérieur 😉 Cette journée fut éreintante…

Quand il faut s’organiser avec son mari pour l’amener au boulot parce qu’on a qu’une voiture, que je dois organiser un programme pour rester toute la journée en ville avec mes 2 ptits bouts de 8h du mat à 16h45 (pour attendre la sortie de boulot de mon mari et ainsi éviter un double aller-retour, car nous sommes loin de la ville), un bide qui s’apprête à exploser, un bébé qui commence à bien pousser vers le bas, un rdv ophtalmo pour mon fils et pour moi avec 2 fois 25 min de marche pour m’y rendre, un déjeuner pique-nique chez une amie (adorable ! Heureusement qu’elle était là ! Elle m’a proposé de garder mon 2ème de 13 mois pendant que je retournais en ville l’après-midi faire les opticiens à la recherche d’une nouvelle paire de lunettes)… tu m’étonnes qu’après au moindre pas je ressentais de gros tiraillements.

L’après-midi, je serrais le périnée en marchant dans la rue. Comme si ça allait empêcher la poche des eaux de se rompre… Mon fils aîné de 2 ans 1 /2, crevé par ce lever matinal, ce programme atypique et l’absence de sieste, se met à chouiner. Le libérer de la poussette en pleine boutique d’opticien : c’était une très mauvaise idée… Vous savez les lunettes sur les présentoirs ?? Et bien il me les enfonce toutes, une par une, et je repasse derrière pour les remettre bien comme il faut… tout en essayant une monture ou 2 au passage… avec un bébé qui bouge beaucoup et pousse avec ses talons à m’en faire mal… Mauvais accueil de l’opticien, il ne prend pas les devants, je semble le saouler à lui demander de m’expliquer la tarification d’amincissement des verres etc, il fait autre chose en même temps et ne me propose même pas de m’asseoir… Qu’à cela ne tienne, pourquoi ne pas être encore plus folle et continuer l’après-midi chez un autre opticien ? Super accueil, rien à voir, je trouve mon bonheur. On me parle même d’un présentoir avec des montures entièrement remboursées par la cmu : génial. Sauf que là, mon fils se met à hurler. La boutique est bondée. Je dérange tout le monde. J’ai honte. Pauvre petit F qui est crevé et mère indigne, j’ai oublié son doudou chez mon amie qui garde mon 2ème. Je n’ai rien à lui faire manger non plus. Juste de l’eau, mais il n’en veut pas.

Il n’est pourtant que 15h : je finis vite en repartant avec un super devis. Un des vendeurs me rejoint sur le trottoir où j’essaie de consoler mon fils, et me tend des ballons de baudruche de l’opticien à gonfler et à attacher sur une baguette, et des portes-clefs. Juste trop chou… Mais mon fils s’en fiche ! En tout cas, ils ont gagné une cliente ! Pour rejoindre la voiture, il fallait marcher.

Ça tiraille…. Je sers bien le périnée car bébé est très bas. Je ressens des sortes de décharges de temps en temps qui me font m’arrêter. Je fais une pause au passage dans un dernier magasin, mon fils s’énerve devant les voitures qui sont emballées et qu’il ne peut faire rouler. Il se remet à hurler. C’est la sonnette d’alarme. On rejoint la voiture.

Mon amie est adorable : elle a géré mon 2ème, et me dit que j’aurais du lui laisser mon aîné. De fait, moi qui craignais que ça fasse trop pour elle, il aurait été impeccable chez elle, bien occupé à jouer avec son super garage en bois ! Il ne veut d’ailleurs plus repartir. C’est la crise (encore une). Aaah des journées comme ça, je n’en veux plus !! Je suis obligée de le porter, pour qu’il ne se mette pas par terre en pleine rue. Je ne l’ai jamais vu comme ça, aussi fatigué… Résultat j’ai mes 2 garçons dans les bras, de chaque côté du bidon ! Hop j’épluche une clémentine sur le trottoir et jette les épluchures dans le caniveau : bah oui c’est bio-dégradable. Euh….gros doute…. Tant pis, on me pardonnera !

Je décolle vers le boulot de mon mari avec mon aîné qui continue de pleurer. Il s’endort en 2 secondes, tout en ayant de gros sanglots réguliers dans son sommeil, c’est trop triste… et craquant à la fois ! Normalement, la journée ne s’arrête pas là, on devait aller chez l’opticien ensemble, en famille (!!), pour que mon mari me donne son avis sur le choix de lunettes, et j’ai voulu raccourcir ce temps en faisant un 1er repérage l’après-midi, mais vu l’état de fatigue, mon mari a pitié et me propose de rentrer tout de suite.

Sauf qu’enceinte jusqu’aux dents ou avec un 3ème enfant, je me demande quand on aura bien l’occasion d’y retourner, surtout qu’à chaque fois ça veut dire bins de voiture (je dois l’emmener tôt le matin avec les enfants, ou qu’il aille en covoiturage au travail), or je tenais à ce que mon mari valide mon choix de monture, et lui tenait à ce que je les ai si possible à Noël, puisque c’est son cadeau ! J’ai une idée : on se gare au plus proche, on échange nos portables pour que je fasse une photo grâce à son tel de bonne qualité, je lui envoie par mms, on s’appelle pour qu’il me donne son avis, et je valide si c’est ok. On fonctionne ainsi et F a ainsi pu continuer de dormir. On rentre chez nous, je suis crevée… et je me dis que vu comment la tête du bébé pousse en bas, l’accouchement ne devrait pas tarder (en tout cas je ne me vois pas aller à terme avec de pareilles sensations !).

Je me couche en priant que le travail ne commence pas cette nuit, que j’ai au moins une nuit de récupération afin d’être en super forme pour l’accouchement. Je ne me suis jamais endormie aussi rapidement….

Le lendemain, le 29, j’évite de bouger et ça y est je dis au bébé qu’il peut vraiment arriver, je me sens prête physiquement et mentalement, et le 30 je fais notre balade habituelle au Super marché du coin. Bébé pousse bien et les tiraillements demeurent quand je marche. Mais je suis trop heureuse de ressentir cela, j’ai la patate, alors j’en profite même pour courir derrière mon fils en draisienne pour le rattraper. Le soir, assise devant l’ordi pour lancer notre film, je dis à mon époux que j’ai des sensations assez fortes au niveau du périnée. On se fait notre super film avec bébé qui bouge comme jamais, puis on se couche…

En pleine nuit, je suis réveillée par une contraction « douloureuse ». Je regarde l’heure, il est 4h40. Je sens quand même tout de suite une différence avec les contractions depuis plusieurs semaines où le ventre se durcit, mais sans douleur. Je reste allongée et essaie de me rendormir. Une 2ème 10 minutes plus tard. Je ne veux pas me faire de fausse joie, et me dis que j’ai tout à gagner à me reposer encore. Sauf qu’elles commencent à être plus fortes, je me dis que le travail a vraiment commencé. Tellement heureuse…. Je me lève. Contraction 25 minutes plus tard. Elles s’espacent… Puis se rapprochent à nouveau à mon plus grand bonheur : toutes les 10-15 min.

Je laisse mon époux dormir : plus il aura dormi et plus il aura de peps pour gérer les garçons et vivre cette journée d’accouchement. J’écris un texto à ma sf puis je vais dans mon salon. J’allume une petite lampe et là… j’hallucine d’entendre des ptits pas qui gambadent au-dessus… Ça, c’est quand mon aîné est levé ! Je monte et vois sa lumière allumée. Il ne nous a jamais fait ça… Il n’y a pourtant pas eu un bruit dans la maison pour le réveiller. Bizarre ! On dit que les enfants ont des antennes… Je monte et le recouche.

Je ne songe même pas à manger. Je me mets dans ma bulle, ça y est, et je sais que je ne veux en sortir que lorsque bébé sera dans mes bras. Je m’assois sur mon ballon et me détends en remuant le bassin et en respirant bien. Le fait de regarder l’intervalle des contractions fait passer rapidement les heures. Je savoure le fait de pouvoir récupérer entre chaque (chose que je n’avais pas du tout connu pour mon deuxième avec rupture de la poche dès le début et contractions qui parfois se chevauchaient !). Mon mari devait se lever plus tôt précisément ce matin là, pour gérer un truc à la CPAM (pour mes lunettes !!) avant d’aller au boulot. A l’heure à laquelle il devait se lever, 6h45, je m’assieds à côté de lui, le réveille et lui glisse « mon chéri je crois que c’est le grand jour. Mon travail a commencé ! » ; Il m’interroge « ça fait longtemps ? » « J’ai des contractions depuis 2h ». Je me souviens lui avoir dit avec un grand sourire. Je suis tellement heureuse… Je prends le temps de me laver, m’habiller en tenue légère et agréable. Il est bientôt 7h, contractions toutes les 5 minutes.

Mon mari appelle chez mes parents : en effet on avait convenu avec maman qu’on la préviendrait (à heure descente) du début de mon travail, pour qu’elle puisse prendre la route dans la foulée et venir nous aider. Comme mes contractions ne sont pas encore TRÈS intenses, ils conviennent qu’on rappelle une heure plus tard vers 8h pour donner des nouvelles et confirmer que maman peut partir.

Je poursuis ensuite, comme si de rien n’était, en accueillant mes contractions et en respirant bien. J’avais du linge à plier, ça tombe bien, je m’occupe. Je suis debout derrière mon canapé et plie le linge dessus, en dansant la zoomba : je remue mon bassin lentement en faisant de larges cercles, tout en pliant les affaires de mes loulous. Je ne l’avais jamais fait, j’avais lu qu’une copine l’avait fait et le conseillait, et c’est vraiment très agréable !! Merci A. !

Je détends physiquement mon utérus, mon périnée, et dis au bébé que ça y est il peut descendre, on est prêt pour l’accueillir. Mon mari trouve très amusant de me voir plier le linge comme ça ! Je fais du rangement, un peu de ménage. Mon mari me propose que nous installions le lit maintenant: nous retirons notre couette, le drap housse. Nous installons sur l’alèse une bâche transparente achetée pour l’occasion et la recouvrons d’un drap puis déposons des carrés d’alèses (les mêmes que l’on voit en hôpital). Tout semble prêt.

Quand d’un coup j’ai besoin de faire des sons graves pour accompagner mes contractions, c’est que je sais qu’elles sont vraiment plus fortes et donc que la dilatation s’accélère. C’est là que la volonté et la visualisation comptent beaucoup. Je le sais, et réunis tout mon mental à chaque contraction. Une joie immense m’habite et me permet de complètement transcender chaque contraction. Au lieu d’un « j’ai mal » (elles sont extrêmement intenses et de plus en plus longues), je pense à ce petit être qui vient à notre rencontre, et au passage que je dois lui faire. Plus j’accepte, plus vite il sera là. A 8h, j‘écris à ma sf que les contractions sont fortes, douloureuses et rapprochées. Elle me répond qu’elle dépose son fils à l’école et qu’elle arrive dans max 1h30. Mon mari rappelle chez moi pour confirmer que ce sera pour aujourd’hui (surtout que je n’ai jamais fait de faux-travail) et on saura que maman décolle à 9h15 (elle a 4h30 de route, je doute qu’elle arrive avant la naissance). Mon mari s’occupe des garçons : vers 8h30 ça y est on entend notre 13 mois qui chouine pour qu’on le lève. Mon mari leur apporte les biberons et monte quelques madeleines pour mon aîné afin qu’il mange là-haut et me laisse le rez-de-chaussée. Mais il doit bien sentir quelque chose… Je l’entends qui s’impatiente et qui réclame de descendre.

Je décide de monter les embrasser et en profite pour ranger du linge à l’étage. Mon fils insiste pour descendre. J’essaie de lui dire que c’est mieux qu’il joue dans sa chambre. Je m’assieds en haut de l’escalier pour lui parler, et là groooosse contraction. Je me relève tout de suite en souriant à mon fils et en glissant à mon mari de s’en occuper. En redescendant les escaliers je sens le bébé bien pousser et je lance à mon mari « mon cœur, je sens le bébé qui pousse bien ! ».

Je me rassieds sur le ballon et je comprends que l’effet des contractions n’est pas le même quand je suis assise et quand je suis debout… Assise, elles sont plus courtes, moins violentes, plus supportables. La sf n’étant pas là, je me dis qu’il vaut peut-être mieux que je reste sur le ballon. Mon mari a habillé les garçons et les descend pour installer mon aîné devant un dessin animé. C’est assez occasionnel pour lui, il est ravi ! Et notre 13 mois fait du 4 pattes un peu partout dans le salon.

Mon époux sent les choses aussi : il m’allume des bougies parfumées dans notre chambre, dont les volets sont restés fermés, et je peux ainsi m’isoler, vu la force du travail et faire mes sons graves. Je suis devant notre commode, assise sur le ballon, et je me détends entre chaque contraction en respirant la douce odeur des bougies et en regardant ces petites flammes danser. Quel repos, quel calme…. J’ai le temps de songer au fait que ça n’a tellement rien à voir avec les néons et les blouses blanches de l’hôpital….

Le travail s’intensifie encore, mais je ne considère pas que je souffre. Je n’aime pas du tout ce terme pour l’accouchement. La douleur est là, mais je la vis de manière très particulière : le muscle travaille, c’est du sport, et rien que du sport. Si cela s’intensifie, c’est bon signe. Je retrouve exactement les mêmes contractions ultra intenses et très longues de mon dernier accouchement, il y a un peu plus d’un an… (ça avait été rapide : 3h). Ces contractions que je redoutais un peu à l’approche de mon accouchement… Mais une fois qu’elles arrivent, elles s’intensifient progressivement : on a le temps de se préparer et d’adapter son souffle, son mental.

Je bénis donc ma poche, toujours intacte. Je n’imagine même pas ce que ça aurait été sans. Mais comme sur le moment je n’analyse pas la douleur, je l’accepte simplement (plongée dans la visualisation du bébé qui descend et dans mes sons graves), je reste calme et sereine. A chaque contraction je fais de grands et graves « waaaaaaaooooooo, aaaaaaaooooooo, waaaaooooaaaaoooo ». Un peu comme le surfeur qui s’adapte à la vague, je crois que les sons graves m’aident vraiment à surfer sur la contraction : plus la contraction est forte, plus j’intensifie mon son et me focalise dessus. Et comme cette logique se met en place à chaque fois, je sais que même si mon travail dure des heures, cette méthode répétée inlassablement me permettra d’aller jusqu’au bout. Elle me permet aussi d’être toujours positive : quand j’ai très très mal, hop tout de suite je me dis que dans quelques secondes ce sera fini, ce sera le calme plat et je savourerai. Et de fait, facilité très certainement par la tranquillité de mon cocon, des bougies et de la pénombre, je somnole entre certaines contractions.

A 2 reprises ma tête tombe en avant et je me réveille ! Je suis bluffée de vivre cela… Je ne l’avais jamais vécu ainsi. Quand j’en ai parlé à ma sf après son arrivée elle m’explique c’est du à l’endorphine sécrétée par mon corps. Et lorsqu’on le laisse vraiment faire, (c’est-à-dire lorsque le cerveau n’est pas sollicité) il nous permet de nous endormir pour récupérer. C’est tellement beau, presque magique ! Mon mari vient régulièrement me voir dans la chambre. Parfois juste pour me demander si tout va bien. J’aime sa présence si discrète et sa voix délicate et attendrie par ce que je suis en train de donner pour mettre au monde notre bébé. Parfois il s’assied derrière moi, sur notre lit, et entre 2 contractions, je me détends complètement, appuyée contre lui, soutenue par ses bras, mes fesses en avant sur le ballon, et là je m’endors presque…

Je commence néanmoins à avoir très mal, une autre douleur, encore plus désagréable que les contractions, vu que cette douleur-là, je ne sais pas quoi en faire : mes cuisses me lancent. Grosse douleur dans le haut des cuisses et le bas du dos lorsque je suis assise durant la contraction, alors je me relève quand je sens la vague arriver, mais là les contractions sont beaucoup plus efficaces et le bébé pousse. Il faut que j’ouvre le chemin et que j’ai une position qui LUI convienne le mieux. Alors même s’il est 9h15, et que la sage-femme n’est pas encore arrivée, je reste debout. De toute manière, pas le choix, assise j’ai vraiment trop mal aux cuisses.

Je regarde ma montre pour savoir quand la sf va arriver. Je m’aide de ces 2 bougies, du calme de la maison, de la bande-son du dessin-animé de mon fils: cela me fait sourire d’imaginer mon aîné, bientôt une nouvelle fois grand frère, devant l’âne Trotro, avec son doudou et son pouce. J’écris à ma sf que bébé pousse bien et sera bientôt là.

Et là… j’entends sa voix dans mon salon. Mon mari avait été lui ouvrir, je n’avais rien entendu. Elle est là, super, je vais pouvoir rester debout et bien accompagner mon bébé en ouvrant le périnée lors des contractions… (J’ai su après coup qu’elle était arrivée à 9h40). Ma sf se change et se met dans une tenue décontracte. Elle me caresse le dos ou me masse légèrement lors des contractions qui tout de suite sont encore plus violentes.

Durant ces instants, mon mari est resté au salon avec nos garçons et ça tombait bien car le travail était de plus en plus intense. Je souffle beaucoup, toujours un mince filet d’air, et ne fais plus de sons graves tellement toutes mes tripes sont sollicitées. J’ai de plus en plus mal aux cuisses… Je ne connaissais pas cette sensation.

Ma sf me dit qu’il faudrait commencer à me déshabiller pour ne pas avoir à le faire au dernier moment. J’enlève donc le bas. Elle installe une alèse sous mes pieds, afin de ne pas trop salir le sol avec les pertes à venir et la poche qui se rompra. Et de fait : 2 min après… une première goutte de sang. Puis une deuxième. Je vous donne ces détails, ça a l’air anodin, mais je n’avais jamais vécu mes précédents accouchements ainsi ! Allongée, sur le dos, en maternité, on ne voit pas ce qui se passe, ce qui sort etc… Là j’ai vu ces 2 gouttes qui m’ont permis de comprendre que ça y est, le col était ouvert totalement.

Quelques secondes après, fissure de la poche avec un peu d’eau qui coule puis énorme contraction : et biiim, LA sensation qui est à la fois si forte, et si émouvante. Celle du bébé qui s’engage. Je dis à ma sf, les larmes aux yeux, avec un petit rire d’émotion : « ça y est, il arrive, il pousse ». Et ma sf qui me répond : « je sais ! Je sais qu’il arrive ! ». Et moi intriguée « Ah bon ? Comment vous savez ? ». Elle me dit qu’elle le voit à ma position. En effet, toujours debout, j’avais légèrement fléchi les genoux, pour être plus en mode « semi-accroupie ». Ma sf sort de la chambre et appelle mon époux qui arrive aussitôt. Il ferme derrière lui et les garçons restent gentiment dans le salon. Elle me dit ensuite de prendre la position que je préfère, dans laquelle je me sens le mieux pour pousser. Mes cuisses me font trop mal, je tremble car elles ne peuvent plus me porter.

Ce poids sur mes pieds me dérange, alors instinctivement, je monte sur le lit et me met à genoux. Ainsi mes pieds n’ont plus à me soutenir, mes genoux feront le job et je peux rester dans cette position verticale qui me va très bien en terme de sensation. C’est génial de tout ressentir comme ça. Je découvre en quelque sorte ! 1ère poussée réflexe, ça y est !!

Je suis trop heureuse…. Je respire bien et, comme durant les contractions, je souffle un très mince filet d’air en accompagnant le bébé vers le bas. Mon mari se trouve debout devant moi et me tient les bras, je m’appuie sur lui en lui tenant les avant-bras. Ma sf est derrière. Du coup je trouve ça merveilleux : je ne vois que mon mari, nous nous regardons, ces instants sont magiques…

2ème poussée réflexe, là je sens la tête du bébé sortir et je sollicite les muscles postérieurs, j’écarte de moi toutes pensées négatives et donne tout en voulant faire sortir ce petit trésor. Mon mari me dit que ça y est, il voit la tête. C’est fantastique… La jubilation interne que je ressens me donne toutes les forces nécessaires. Ma sf m’encourage à plusieurs reprises avec des paroles hyper positives « tu es formidable M., c’est super, continue, il est là ton bébé, il est là ! ». Elle me dit qu’il ne reste que les épaules. Contraction: la poche se rompt totalement, la tête de notre bébé était sortie coiffée. 3ème poussée réflexe : je pousse longtemps, sur le souffle, et hop, telle une savonnette, je sens mieux que mes autres accouchements ce bébé qui sort d’un coup et qui glisse tout du long vers le bas. Quelle sensation….. ! Ma sf le met tout de suite entre mes jambes sitôt sorti, face à nous…. Et là… je crois rêver…. Le cordon passe entre les jambes du bébé, mais sous ce petit cordon, je ne vois pas le sexe que j’avais eu l’habitude de voir jusqu’ici…

C’est une fille !!!! Mon mari le voit aussi… En même temps, on se regarde, nos yeux se remplissent de larmes. On se serre fort, j’attrape tout de suite ma petite puce, m’assied contre mes oreillers et la prends contre moi… C’est une fille ! Nous avons une fille…. J. ! Nous sommes le jeudi 1er décembre. Il est 10h12. Merci Seigneur !! Merci J. de nous combler ainsi !

Ma sf est merveilleuse… Si discrète. Elle demande une grande serviette à mon mari pour me recouvrir. On enveloppe notre J. dans un beau plaid tout blanc. Je pleure de bonheur. Mon mari est trop ému… Et je tremble aussi comme une feuille. J. est toute calme, dans mes bras. Nous laissons s’éterniser ce moment, le cordon qui continue de battre. Mon fils aîné entre à point nommé. Il a une tête toute curieuse. Je lui dis de venir voir J., sa petite sœur, et tout de suite, émerveillé, veut s’approcher pour l’embrasser.

Bon un moment moins sympa, mais tout à fait nécessaire : la délivrance se fait attendre, car tant que le placenta n’est pas sorti, l’utérus continue de contracter. Et j’ai bien mal… Ça me prend dans tout le dos. Les contractions s’arrêtent. Mais j’ai bien mal au dos.

Ma sf me propose au bout d’un moment de changer de position et de me mettre allongée, sur le côté. Avec ma main, j’appuie dans le dos là où ça me lance, pour me soulager. Ma sf comprend et le fait pour moi. Ça diminue un peu la douleur. Mais à chaque fois que j’ai mal au dos, je contemple ma petite puce qui est là, dans mes bras, toujours reliée à son cordon. Et j’oublie. J’essaie de pousser pour créer la contraction, mais rien. Quand le cordon cesse de battre, mon époux le coupe.

Enfin, une grosse contraction arrive !!!! Je pousse et suis enfin délivrée !!! Si heureuse…. Ça tombe à pic car J. commençait à pleurer et je peux enfin mettre ma ptite puce au sein. Après une douce première tétée, ma sf me propose de prendre ma douche. Je me lève donc, et adooore cette 1ère douche de détente (tout à côté de ma puce, puisque l’on a une salle douche dans notre chambre). Pendant ce temps ma sf s’est occupé d’ausculter J. et de la peser : 3,970 kg. Je n’en reviens pas ! Alors que j’avais pris moins de poids, elle est plus lourde que ses frères ! (3,850 kg et 3,770kg). J’enfile mon peignoir et rejoins mon mari qui a pu bien profiter de sa fifille.

Les garçons viennent voir leur sœur : l’aîné gâtise et réclame tout de suite de la porter, quand le 2ème la prend un peu pour une poupée ! La sf encourage mon mari à m’amener de quoi boire etc. J’ai la dalle, je veux fêter ça, surtout que je n’ai pas mangé depuis la veille. Je commande un grand verre de sirop de fraise bien frais et des brioches grillées au nutella !! Mon mari arrive 2 sec plus tard avec un plateau ! Trop du luxe !!!

Je propose à ma sf un café, un thé. Elle prendra un verre de jus et s’assiéra sur notre lit pour déguster avec nous des madeleines et des speculoos. J. fait notre bonheur…

Maman arrivera à 13h30, 3h plus tard pour partager notre joie ! Elle s’attendait à me voir allongée, au lit. Mais je donne la tétée dans le salon, habillée et coiffée. Maman hallucine. J’y tiens, c’est pour moi une belle manière de fêter ces moments extraordinaires : me faire belle pour ma fille ! Maman restera une petite semaine pour nous soulager et nous aider.

Mon époux pose son jeudi et son vendredi et fixe son congé de naissance les 3 premiers jours de la semaine prochaine donc ça lui fait une semaine de vacances entière à mes côtés, j’en suis ravie ! Nous avons géré une soirée assez rocambolesque avec la gastro de mon fils aîné (ceci explique peut-être son réveil impromptu à 4h50 du matin ?) avec 7 vomies, dont 3 sur mon mari ! Heureusement que maman était là !! Quand elle lavait le bas, mon fils vomissait en haut, et quand elle avait fini le haut, il revomissait en bas. Mon père et tous mes frère et sœurs sont venus pour le w-end.

Ce fut « marrant » car le virus toucha les uns puis les autres. En une semaine tout le monde y passa (petite épisode de gastro de 24h pour chacun) sauf…. J. et moi ! Le 1er bain fut donné le samedi, quant à la mesure, elle a été prise le dimanche : 55 cm la ptite puce !

Ce soir, du 1er décembre 2016, nous nous endormons tous les 3, dans notre lit, mon époux, J. et moi… Mais que de bonheur !! Nous sommes to-ta-le-ment comblés.

Des instants magiques !!! Si différents de ceux vécus précédemment en maternité ! J’ai le sentiment d’avoir fait passer le calme pour accueillir le bébé avant tout le reste, et ça donné à l’accouchement une dimension que je n’avais pas encore vécue : celle d’un événement totalement naturel, qui s’inscrit dans le quotidien de NOTRE famille et un moment si intense qui du coup a été partagé dans l’intimité de notre cocon familial. Pour mon plus grand bonheur…

Bien sûr, comme les mamans qui l’ont déjà vécu me l’avaient prédit : je n’imagine plus accoucher ailleurs qu’à la maison… Et je ne sais pas si c’est lié, mais J. est extraordinairement souriante. Elle sourit dès le 2ème jour, et se marre en dormant, en ouvrant grand la bouche, tout sourire. C’est incroyable…

Merci J. pour tant de bonheur.
« Les enfants sont le sourire de Dieu sur la Terre » Mère Térésa