Tenez bon ! La phase de désespérance est le signe que l’accouchement est bientôt fini. Alors découvrez tous les conseils pour la reconnaître et la traverser. Et surtout comment faire pour ne pas craquer pour la péri ?

De nombreuses femmes (mais pas toutes), ressentent à la fin de leur accouchement une phase de grand désespoir. Pour la sage femme qui les accompagne, c’est le signe évident que la naissance est imminente. Mais pour la maman qui la traverse, cette phase peut paraître bien difficile.

Comment ça se manifeste ?

phase de desesperanceLa future maman se met à douter, à douter très fort ! “Je n’y arriverai jamais”, “c’est trop dur”, “endormez-moiii”, “je m’arrête là !”, “Aidez-moiiiiiii”, “faites-le/la sortir !!”, etc. Certaines sont même prêtes à quitter la salle d’accouchement et vont se rhabiller pour rentrer chez elles. Elle n’iront pas bien loin bien évidemment ! 🙂

Physiologiquement, c’est le moment où la femme va “recevoir” une grosse dose d’adrénaline dans son corps, l’hormone de la peur et de l’action. Cette décharge hormonale va permettre à la maman de trouver des forces inimaginables pour terminer l’accouchement et faire naître son bébé.

Jusque là, la femme était baignée dans les hormones de la détente (endorphines et ocytocine). L’ocytocine faisait travailler efficacement son utérus pendant que les endorphines la shootent pour qu’elle “laisse faire” le processus.

Une phase très utile pour la naissance

Au moment de la naissance, la maman a besoin d’être présente avec tout son Être. Elle va donner toute sa force pour faire naître son bébé. L’adrénaline va permettre au bébé d’essorer ses poumons avant la naissance et faciliter ses premières respirations au moment de la sortie. Donc, ce shoot d’adrénaline est UTILE ! Mais la réaction normale après une si grosse décharge d’adrénaline est… d’avoir très peur.

C’est ce que ressent la femme dans cette phase de son accouchement. Elle flippe ! Elle peut même sembler terrifiée. Mais il faut se dire que tout est normal. Tout est sous contrôle de la Nature.

“A ce moment proche du couronnement, la mère expérimente une montée d’adrénaline. A la vitesse de la lumière elle se retrouve dans deux mondes. Sa transe ocytocique d’accouchement est encore palpable, et elle est consciente de sa réalité terrestre. Elle est de retour, prête à amener son bébé à la terre ferme.” Whapio Diane Bartlett

Comment aider une femme à traverser la phase de désespérance ?

Surtout NE RIEN FAIRE – et surtout PAS PROPOSER LA PÉRI ! Dans ce moment aussi intense, il n’y a RIEN à faire. Cela peut paraître étrange, mais c’est le secret pour traverser cette phase. “Faire quelque chose” pour la femme qui est en pleine phase de désespérance serait complètement contre-productif.

Pourquoi ? Parce que si vous (le papa ou le personnel soignant) intervenez à ce moment là, vous allez casser le processus naturel qui est à l’œuvre. En brisant ce processus, vous allez stopper le travail, le ralentir tout du moins, et mettre la maman et le bébé en mauvaise posture.

C’est un réflexe humain que de vouloir aider une personne qui demande de l’aide, supplie qu’on l’endorme ou demande qu’on l’ouvre en deux pour sortir ce bébé qui la fait tant souffrir. Un réflexe naturel que de vouloir mettre fin à ses souffrances. C’est donc le moment ou la sage femme peut proposer la péridurale. Où le papa se met à appuyer compulsivement sur le bouton d’appel pour qu’on viennent enfin soulager sa femme.

“C’est souvent la partie la plus incertaine du voyage. La mère doit rassembler toutes ces réserves et peut souhaiter que son partenaire soit entièrement présent et soutenant. Elle suppose que la sage-femme suit leur route et qu’elle garde toute la stabilité de l’autre côté de la tempête. La mère est plus forte et courageuse que jamais dans la vie.

La transition est considérée comme le moment le plus intense pour la mère. Les contractions sont longues et dures – 90 secondes o plus, et venant toutes les 3 ou 4 minutes. Elle atteint les 100 % de dilatation ou 10 cm. C’est la plus grande ouverture que peut atteindre une femme. Bien sûr, les choses peuvent être effrénées et souvent la mère peut se sentir perdue pendant un moment, dans cette ultime ouverture.

Elle dit peut-être qu’elle ne peut plus continuer ou qu’elle veut rentrer à la maison. Elle peut rechercher la présence des autres, les yeux hagards. Elle demande éventuellement de l’aide mais j’ai remarqué qu’il ne s’agit pas d’un réel besoin que quelqu’un fasse quelque chose, mais plutôt d’un appel à être accompagnée dans cette phase plus difficile. Parfois la présence d’une autre personne, notamment de celle qu’elle aime et en qui elle a confiance, restaurera le calme. Et parfois, la présence d’une personne en plus lui permettra de se sentir en sécurité pour alors crier jusqu’aux confins de l’Univers. Sa tempête personnelle peut l’emmener bien loin de la réalité ordinaire. Elle deviendra l’ouragan, deviendra sauvage et incroyablement puissante. Les accompagnants et partenaires peuvent être surpris, voire intimidés. La mère trouvera son chemin, qu’elle que soit la forme qu’il prend.” Whapio Diane Bartlett

“C’est une bonne chose qu’elle se sente dépassée”

C’est le moment où la femme, elle-même, va demander la péridurale de toutes ses forces. Parce que c’est TROP ! Parce qu’elle n’en peut plus et qu’elle “s’arrête là”. Les forces en présence dans son corps la dépassent. Et croyez moi ou non, c’est une bonne chose qu’elle se sente dépassée 😉 Parce que c’est à ce moment précis, celui où va rendre les armes et lâcher prise, que la magie de la naissance va avoir lieu. Que quelque chose de plus grand qu’elle va prendre le relais. C’est dans cette phase extrêmement intense où la femme lâche ses dernières résistances que la naissance va pouvoir se produire.

Parce que la maman ne va plus “intervenir” dans son propre accouchement, elle va découvrir une force en elle complètement nouvelle. Elle va se laisser traverser par une puissance qu’elle ignorait jusque là. Sans le commander, son corps va se mettre spontanément à pousser le bébé. C’est le fameux “ça pousse” !

Et sans aucun traumatisme pour le périnée (dans la majorité des cas), le bébé va être expulsé du corps de sa mère de manière parfaite. Il va faire les rotations nécessaires, en douceur, et arriver au monde naturellement.

Le piège est de demander la péri à ce moment là…

Et c’est ce qui se passe dans la plupart des cas parce que les mamans ignorent tout de cette phase de désespérance. Et certains soignants aussi… Les papas peuvent paniquer également en voyant leur femme dans cet état.

Alors que c’est justement le moment où il faut rester calme, serein, stable. Où il faut accompagner la future maman, lui donner confiance en ses capacités et lui dire surtout que c’est bientôt fini ! Elle a fait le plus dur. Elle aura son bébé dans les bras quand quelques dizaine de minutes. Tout est OK 🙂

Éviter le scénario “phase de désespérance – pose de la péri – ralentissement du travail – forceps – épisio”

Le scénario “phase de désespérance – pose de la péri – ralentissement du travail – forceps – épisio” et j’en passe… est malheureusement trop fréquent. Combien de récits de naissance racontent de telles histoires. Et elles sont plutôt tristes à lire ces histoires.

Un exemple trop souvent cité : Cette femme s’est préparée à vivre une naissance physiologique. Elle y a mis tout son cœur. Mais emportée dans la tempête de la naissance, elle n’a pas reçu l’aide dont elle avait vraiment besoin.

La réponse à sa demande a été… la péridurale. Pourtant elle ne la voulait pas (même si elle aurait tué père et mère pour l’avoir à ce moment précis de l’accouchement 😉 ). Elle s’était juré de ne pas craquer ! Mais dans cet état second, difficile pour elle de résister quand le mot péridurale était sur toutes les lèvres.

Alors elle craque, elle est déçue d’elle même, elle pleure. Bien sûr, la péri la soulage. Mais les contractions commencent à s’espacer. Parce que le travail est ralenti par la péridurale. Quand elle arrive enfin à dilatation complète, c’est le moment de pousser. Mais, la poussée est laborieuse, difficile. La mère est allongée sur la table de naissance, en position gynécologique. Son sacrum est basculé vers l’avant ce qui empêche le bébé de s’engager correctement.

La progression du bébé est freinée voire empêchée. Le cœur du fœtus commence à montrer des signes de ralentissement. On envisage d’appeler le gynéco de garde et d’accélérer la naissance avec des instruments.

Traumatique pour le périnée, l’utilisation des spatules, des forceps ou de la ventouse, va souvent laisser des traces. La maman et le bébé vont bien, la plupart du temps. Du moins en apparence. Car combien de temps faut-il pour se remettre d’une épisio ? Ou pour digérer le traumatisme d’un accouchement à l’issue si violente ?

“Semi-assise, la position plus populaire culturellement, est la position la plus difficile pour mettre au monde un bébé. C’est une question de géométrie sacrée. Quand une femme s’assoit sur son coccyx, qui est exactement là où elle est assise quand elle est penchée vers l’arrière, elle ferme le canal de la naissance. Durant le travail, le coccyx recule naturellement pour que le bébé puisse s’accommoder. Quand la femme s’assoit dessus, il faut mobiliser beaucoup d’efforts pour que le bébé passe au-dessus du coccyx. Cela se termine en général par des poussées dirigées, avec les jambes vers les oreilles et souvent beaucoup de cris et d’ordres prononcés. Même s’il c’est préférable à la position allongée sur le dos ou dans les étriers, je n’ai jamais vu une femme choisir cette position, ou avoir besoin de le faire.” Whapio Diane Bartlett

Alors, de quoi a-t-elle VRAIMENT besoin pendant la phase de désespérance ?

Pendant la phase de désespérance, la femme a besoin d’être RASSURÉE. C’est tout. C’est aussi simple que ça. Un câlin, un geste tendre et des mots doux.

Voici quelques phrases à l’effet magique à chuchoter le jour J :

  • Tu y es presque
  • N’aies pas peur, tout se passe bien
  • Tout va bien
  • Ton bébé arrive
  • Dans quelques minutes ton bébé sera dans tes bras
  • Tu as déjà fait le plus dur, c’est la fin
  • Tu vas y arriver
  • Accompagne ton bébé vers le bas
  • Ton bébé est presque là
  • Tu te débrouilles magnifiquement bien
  • Souffle doucement et pousse ton bébé vers le bas
  • Concentre toi, reviens à ton souffle, calmement

Quand la contraction est passée, vous pouvez poser une main sur la sienne, juste en douceur. Masser ses épaules ou caresser ses cheveux.

Si elle perd pied, aidez-la à retrouver sa concentration, son axe. Calez vous sur son rythme et faites des sons graves avec elle à chaque contraction. Elle va vous suivre et reprendre pied petit à petit. Rappelez lui de souffler doucement ou soufflez avec elle.

Si elle n’a plus de force, soulagez là en la soulevant. Vous pouvez la porter sous les épaules ou la laisser s’appuyer sur vous pour soulager ses jambes et son dos.

Une femme saura TOUJOURS faire naître son bébé

“Au moment du couronnement, la plus grande partie de la tête du bébé a maintenant passé les portes de la naissance. La mère est en général en état d’extase et totalement revigorée.

Elle peut hurler comme pour annoncer son retour. Une sécrétion d’adrénaline se produit chez la mère et elle se redresse légèrement de sa position à genoux et arque le dos. Ceci est appelé le réflexe d’éjection fœtale par Michel Odent. Ce redressement lui permet de faciliter le couronnement et le mouvement du bébé à travers la dernière partie du canal de la naissance. Cette décharge d’adrénaline, parallèle à la sécrétion d’ocytocine, est responsable de l’état de vigilance de la mère et de l’enfant à ce moment-là.

Une maman peut se sentir dépassée alors qu’elle voyage d’une dimension à une autre, mais elle sait toujours quoi faire. Elle donne simplement naissance à son bébé. Alors qu’elle s’agenouille pour enfanter, son partenaire peut être face à elle, prêt à recevoir l’enfant. Peut-être une autre paires de mains, celles de la sage-femme ou du soignant, sont prêts à aider, et alors encore, peut-être pas. En général il n’y a pas besoin d’aide. La mère n’est pas hors de contrôle, la naissance n’est pas chaotique, il n’y a pas d’hystérie ou de confusion. La naissance est accessible et une femme sait ce qui est naturel.” Whapio Diane Bartlett

N’oubliez pas de le préciser dans votre projet de naissance

=> Chères sages femmes, merci de NE PAS me proposer la péri en pleine phase de désespérance. Aidez-moi plutôt à traverser cette phase en me rassurant par votre présence bienveillante et vos encouragement quant à mes capacités à y arriver.

C’est vraiment la clé.