“Maintenant que j’ai vu une naissance complètement naturelle, je peux vous dire que la nature fait bien les choses. Si votre femme a un projet d’accouchement physiologique, c’est sûrement la plus belle naissance que vous pouvez offrir à votre bébé !”
Je suis le papa d’un grand garçon de 6 ans. Et après de nombreux mois d’essais sans succès pour faire un 2ème enfant, avec une fausse couche l’année précédente, ma femme m’annonce enfin la nouvelle de sa grossesse. Je suis fou de joie ! C’est un cadeau de la vie. On le sent tous les deux. On va avoir un 2ème bébé !
“Je sais que la grossesse est une période difficile.”
Entre les nausées, les hormones et les besoins de soutien d’une femme enceinte, le rôle de mari dans cette aventure n’est pas de tout repos. J’appréhende… même si je l’ai déjà vécu une fois. La première grossesse n’était pas simple et je m’en souviens bien.
Heureusement, j’ai appris un secret important que je partage ici avec les autres papas : quand votre femme a un souci ou se plaint de sa grossesse, surtout ne cherchez pas de solution à son problème !
Ça peut vous paraître bizarre et franchement c’est super dur à appliquer. Les hommes ne fonctionnent pas comme ça. Si on est face à un problème, il y a forcément une solution à trouver et à appliquer ! Mais là non, quand elle se plaint, qu’elle en est à bout, épuisée ou même qu’elle s’effondre en sanglots, ne faites rien ! Il faut juste l’écouter et être à ses côtés.
Facile à dire… et concrètement c’est quasi impossible d’être dans le juste tout le temps. On va se faire reprocher 50 fois qu’on a vraiment le rôle facile et qu’elle aimerait bien nous y voir à vivre une grossesse. Mais encore une fois, il n’y a pas de bonne réponse ou de solution à proposer, juste reconnaître qu’elle traverse une épreuve et ne pas prendre pour soi ses sautes d’humeur.
“Je m’en sors mieux que la première fois”
Gardant tout ça en tête, je peux dire que je m’en sors mieux que la première fois. Durant cette grossesse, je la sens rassurée par ma présence et je l’accompagne avec de petites attentions et de la tendresse au quotidien. Je suis content de sentir que j’ai une place et qu’elle se sent soutenue, tout se passe bien.
C’est au bout de 2 mois qu’elle me parle de son projet de naissance physio. Il faut dire que la naissance de notre premier était compliquée et ultra médicalisée. Un prématuré de 2 mois qui avait passé 1 semaine en couveuse et 1 mois d’hôpital avant de rentrer à la maison.
“Je comprends son besoin de réparer son premier accouchement (…) mais j’avoue que ce projet physio me fait peur”
Je comprends qu’elle ait besoin de réparer cette expérience très dure par une naissance la moins médicalisée possible. Mais j’avoue que ça me fait peur quand elle parle d’un niveau de douleur intenable et d’une expérience presque animale qui va la transformer. Je ne sais pas du tout comment je vais pouvoir accompagner un truc pareil !
Dans tous les cas, pour moi c’est une évidence que ce choix lui appartient. C’est elle qui accouche et elle doit le vivre comme elle veut, mon rôle est de l’accompagner.
Alors je lui dis que je la suivrai dans son choix quoiqu’il arrive même si je ne comprends pas trop pourquoi elle veut la version difficile alors qu’on peut avoir plus simple.
“Je la soutiens dans son choix (…) même si je ne comprends pas trop pourquoi elle veut la version difficile”
Pendant les 2 mois qui suivent, elle prépare son projet de naissance physio avec passion. Je la soutiens bien sûr, je suis content d’aller aux échos et de voir notre 2ème enfant grandir dans son ventre mais le côté physio du projet reste assez loin de moi. En bon pragmatique que je suis, je sais que la finalité reste la même peu importe la naissance : on aura un autre bébé et on sera 4. En plus on apprend que c’est une fille, je suis juste super content.
Elle choisit une naissance en plateau technique. D’abord je lui demande de m’expliquer le concept parce qu’un nom pareil ressemble plus une version robotisée en usine qu’une naissance naturelle. Au final je suis content de savoir qu’on sera dans la maternité de l’hôpital, ça me rassure de savoir que les médecins sont à côté et qu’à tout moment on peut être pris en charge si besoin. Je la soutiens toujours dans son projet physio, mais à ce moment là c’est toujours “son” projet.
“Le déclic de la première rencontre avec les sages femmes”
Jusqu’au jour de la première rencontre de préparation avec les sage femmes qui vont nous accompagner pour la naissance. Cette rencontre a tout changé pour moi.
Je ne saurais pas vous dire exactement qu’est-ce qui a été le déclencheur. Peut-être que “son” projet a fait du chemin dans ma tête, que le discours de la sage femme qui était vraiment passionnée m’a beaucoup touché ou que voir tous ces récits et photos de naissance dans le cabinet m’a fait un déclic ? Sûrement un mix de tout ça.
Mais c’est à ce moment là que j’ai compris.
J’ai compris qu’on n’était pas là seulement pour parler de l’accouchement de ma femme, on était là pour parler de la naissance de ma fille. De ses premiers instants de vie et de son arrivée dans le monde.
“J’ai sorti ma femme de l’équation et je me suis demandé : quelle naissance je voulais pour mon bébé ?”
Ça peut vous paraître bizarre, mais à ce moment là, je me suis même surpris à imaginer la naissance de ma fille en sortant ma femme de l’équation.
Quelle naissance je voudrais pour mon bébé ? Cette petite fille qui va arriver dans notre famille, qu’est-ce qui serait le mieux pour elle ? Comment je voudrais l’accueillir ?
Et tout est devenu évident pour moi. La réponse à ces questions était claire : je voulais une naissance naturelle bien sûr, accompagnée par sa maman sans qu’elle soit à moitié anesthésiée. Ne pas se presser pour couper le cordon. Ne pas lui faire une batterie de tests médicaux douloureux alors qu’elle vient de traverser sa première épreuve de vie. Rentrer vite à la maison sans avoir des équipes d’inconnues qui viennent la voir jour et nuit. En fait, ne pas suivre un protocole archaïque mais juste qu’elle puisse naître et être avec sa maman et son papa, qu’on soit dans notre bulle.
“À partir de ce moment, c’est devenu “notre” projet”
Trop content que ma femme soit prête à affronter l’épreuve de l’accouchement naturel pour offrir à notre fille la plus belle naissance qui soit.
Je la soutiens à 100% et je suis même inquiet quand les sage femmes nous expliquent les scénarios qui peuvent nous faire sortir de la naissance physio et rentrer dans la machine médicale.
Par chance, la fin de la grossesse se passe bien et arrive le jour J. Toujours par chance, le grand frère est en vacances chez ma mère et on est samedi 5 heures du matin, donc aucune logistique de garde à trouver ou de boulot à prévenir, on peut se concentrer sur la naissance.
“Ma femme m’a réveillé plutôt rassurante, après avoir fissuré la poche des eaux”
Ma femme m’a réveillé plutôt rassurante après avoir fissuré la poche des eaux, elle me dit qu’elle va prendre une douche et qu’on peut se préparer.
Au début je le vis plutôt cool, très excité par l’arrivée de notre fille. Mais rapidement, je me rappelle que la première fois ma femme avait tendance à sous-estimer son avancement dans le travail. Je prends donc les devants et je chronomètre les contractions. Elles sont déjà hyper fréquentes. Je lui demande si elle a appelé la sage femme et je la vois sur son ballon de grossesse dans le salon me demander de l’appeler moi.
Cette phrase fait tilt dans ma tête. Je me souviens d’un conseil très utile des sage femmes pendant la préparation : “quand la maman nous appelle on sait qu’on a encore le temps, quand c’est le papa qui appelle, on passe en mode urgence.”
“La sage femme me dit : si tu vois que ça démarre vraiment, tu te mets sur la bande d’arrêt d’urgence en warnings et tu m’appelles”
J’appelle notre sage femme et il lui suffit d’entendre la voix de ma femme à côté de moi pour me dire de partir immédiatement à la maternité! On se retrouve là-bas. J’ai 30 minutes de route à faire. Elle me dit “si tu vois que ça démarre vraiment, tu te mets sur la bande d’arrêt d’urgence en warnings et tu m’appelles”.
Là je comprends qu’on est en urgence. Ma femme n’est pas en état de s’assoir, elle se met à genoux sur la banquette arrière et on prend la route. Sur le trajet je vois que les contractions de ma femme sont très fortes, rien à voir avec son premier accouchement, mais je vois aussi qu’elle gère la douleur.
“Ma femme vivait un ouragan intérieur mais elle était prête pour ça, elle gérait.”
C’est là que je me rends compte à quel point c’était important de se préparer. Je le voyais en elle, elle vivait un ouragan intérieur mais elle était prête pour ça, elle gérait.
Heureusement que je n’ai pas croisé de radar ce matin-là, car on était à la maternité en bien moins que 30 minutes…
La marche du parking jusqu’à la maternité m’a semblé interminable. On fait une pause tous les 3 mètres pour chaque contraction. Ma femme gère toujours super bien, elle arrive même à me dire ce dont elle a besoin : à savoir de faire pression sur ses reins.
“Je réponds à chacune de ses demandes et je vois que ça l’aide. On vit ce moment ensemble, je suis vraiment avec elle.”
La salle physio était occupée, dommage, on nous donne une salle de travail normale. Je suis un peu déçu sur le moment mais c’est pas grave, on a une salle à nous. Notre sage femme installe un tapis par terre et baisse les lumières. On voit le soleil se lever par la fenêtre. On a notre espace zen à nous. C’est ici que ma fille va arriver.
On se prépare et ma femme continue de gérer au top. Je vois dans ses mouvements que le niveau de douleur augmente à chaque fois mais elle tient bon. Elle change de position quelques fois. Je la suis dans chacun de ses gestes pour la porter ou la soulager dès que je peux.
J’essaie de ne pas trop la coller non plus. Je sais qu’on doit s’attendre à tout pendant les dernières phases les plus violentes, qu’elle ne se contrôlera plus, qu’elle peut m’envoyer bouler ou me traiter de tous les noms.
Ça me faisait peur pendant la préparation mais là j’étais prêt à tout accueillir. Je voyais bien qu’elle avait dépassé ses limites depuis un moment et qu’on était en territoire inconnu.
“La sage femme dit que la tête arrive et que c’est le moment de pousser.”
Ma femme finit par se positionner à 4 pattes, je suis assis en face d’elle et elle a sa tête sur mon épaule. Elle commence à pousser.
Un autre point important que j’ai appris pendant la préparation pour les papas, c’est de savoir qu’il existe une “phase de désespérance“. Et que cette phase peut prendre plusieurs formes selon les femmes. J’y étais préparé et je me demandais si ça allait arriver.
Elle est arrivée. Et finalement, chez ma femme, c’était assez calme vu de l’extérieur. Elle a dit : “c’est bon c’est fini, j’arrête je vais pas y arriver il faut m’endormir maintenant !”. Je savais qu’à l’intérieur par contre c’était le bout du bout pour elle.
Mais la sage femme nous donnait les indications à chaque poussée. La tête avançait à chaque fois alors je savais que d’un point de vu physiologique tout se passait bien. Je serre ma femme contre moi et je lui dis que ça avance bien, qu’elle y arrive super bien et qu’on y est presque.
“Je serre ma femme contre moi. Ce sont les dernières poussées, allez tu peux le faire!”
Quelques minutes plus tard notre petite princesse était là dans ses bras. On aide ma femme à se relever et à s’installer dans le lit, avec la petite contre elle qui trouve le sein immédiatement et qui se cale contre sa maman.
On attend que le cordon ne soit plus utile et je le coupe. La sage femme pèse notre fille rapidement et elle vérifie très calmement et tendrement que tout va bien. Aucun examen invasif, notre bébé ne pleure pas, elle la repose sur sa maman et elle sort de la pièce.
Et c’est là que tout se confirme.
“Ce moment rien qu’à nous sans personne pour nous déranger, ça n’a pas de prix.”
Et franchement ça se voit dans l’attitude de notre fille, elle est zen, calée sur sa maman, cette petite merveille qui vient de traverser une épreuve elle aussi et qui se repose tranquillement. Ce moment rien qu’à nous sans personne pour nous déranger, ça n’a pas de prix.
On passe un moment au calme et puis je la prends contre moi. Trop belle et toujours très zen. Je lui mets sa petite tenue qu’on avait prévue pour sa naissance. Et à peine 4 heures après notre arrivée on redescendait à notre voiture.
J’hallucine à quel point ma femme se remet vite sans la péridurale, elle est déjà capable de se lever du lit et de venir s’installer dans la voiture à côté de notre bébé. 30 minutes plus tard on est à la maison tous les 3 et on peut se caler dans notre bulle.
Incroyable cette sensation d’être à la maison quelques heures seulement après le début du travail. C’était le bonheur total, pas de monitoring d’hôpital ou de dérangement, juste nous 3 et les sages femmes qu’on connait qui viendront nous voir à la maison pour le suivi.
“J’ai beaucoup plus trouvé ma place de papa dans cette naissance.”
Voilà pour mon récit. C’était il y a 2 ans. Notre fille est adorable et se porte très bien. Avec le recul, je recommande à tout le monde un accouchement physio. C’est une expérience tellement belle et un souvenir qui restera toujours gravé dans ma mémoire. En particulier pour nous qui avons connu un peu les 2 extrêmes en terme de naissance.
J’ai beaucoup plus trouvé ma place de papa dans cette naissance que dans celle de mon fils qui était entouré de médecins et de sage femmes inconnues.
Il est clair que si nous avions un 3ème enfant ma femme voudrait vivre la naissance à domicile. Nous en avons discuté. Je la soutiendrai à fond. Car avec le recul, je peux dire aujourd’hui que les trajets à la maternité n’ont vraiment rien apporté à la naissance de ma fille. Le seul bénéfice du plateau technique était d’être rassuré en cas de problème. J’aurais probablement été moins zen de vivre tout ça en dehors de l’hôpital.
Mais maintenant que j’ai vu une naissance complètement naturelle, je peux vous dire que la nature fait bien les choses. Si votre femme a un projet d’accouchement à la maison, c’est sûrement la plus belle naissance que vous pouvez offrir à votre bébé !
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