Après quelques heures de contractions, votre bébé s’engage enfin dans votre bassin et arrive aux portes du périnée. C’est alors que vous allez ressentir une envie irrépressible de pousser. Malheureusement, dans la plupart des cas, on vous aura déjà demandé de fournir de grands efforts de poussée, bien avant que vous en ressentiez le besoin naturel.
Les salles de naissances sont remplies de ces injonctions “poussez Madame ! De toutes vos forces !”. Pourtant cette poussée dirigée est dommageable pour la mère comme pour le bébé. Elle abime les tissus, fait de nombreux dégats sur le périnée et elle épuise mère et bébé. On fait le point dans cet article. Pourquoi faut-il arrêter de faire pousser les femmes ?
Faites un test et demandez à quelqu’un de vous mimer un accouchement. Vous aurez droit au classique : « poussez Madame, poussez ! »
Faites un tour sur internet, vous verrez de nombreuses mamans qui se questionnent : Comment fait-on pour pousser ? Est ce qu’il faut bloquer sa respiration ou pas ?
La poussée de l’accouchement serait-elle un apprentissage ?
En salle de naissance, le scénario ressemblera plutôt à ça : « Vous êtes à 10 madame, on va s’installer pour pousser. »
Et quand j’entends cette phrase… ça me rappelle ma coiffeuse : « la couleur est prise. On va s’installer au bac »
Pourquoi cette obsession autour de la poussée ?
Surtout quand on sait que lors d’un accouchement physiologique, sans péridurale, la poussée est un réflexe ! On l’appelle même le réflexe d’éjection fœtal (Dr Michel Odent).
Aucun contrôle la dedans. Quand le bébé arrive aux portes du périnée : ça pousse tout seul !
C’est un réflexe du corps au même titre que l’éternuement ou le vomissement. Incontrôlable. Irrépressible.
Poussée réflexe Vs poussée dirigée
On oppose la poussée réflexe à la poussée dirigée. Et il semble qu’on ait oublié que le célèbre « poussez Madame ! » est en fait une poussée dirigée par l’équipe médicale et ne fait pas partie de la physiologie de l’accouchement.
Faire pousser une femme avant qu’elle en ressente le besoin impérieux est dommageable pour la mère et pour le bébé.
Saviez-vous qu’il peut se passer 1 heure entre la dilatation complète et l’arrivée du bébé sur le périnée ? Une heure pendant laquelle la mère doit rester mobile pour accompagner la progression du bébé qui va s’engager millimètre par millimètre dans le canal de la naissance.
♥ Attendre le réflexe de poussée préserve les tissus. Les tissus internes déjà et le périnée aussi. Les risques de déchirures sont fortement diminués.
♥ Cela préserve aussi quelque chose de fondamental : l’énergie de la mère. Une heure d’efforts expulsifs inutiles vont donner à la mère l’impression de ne pas savoir faire, d’être nulle. Elle va s’épuiser physiquement et moralement à essayer de faire sortir son bébé avec ses abdos alors qu’il serait sorti en 4 contractions si on avait eu la patience d’attendre la poussée réflexe.
Les abdominaux ne sont pas fait pour faire naître les bébés. L’utérus oui ! Les contractions de poussée sont puissantes. Elles sont capables de faire naître un bébé sans épuiser la mère.
♥ Attendre la poussée réflexe évite aussi de fatiguer le bébé qui peut se retrouver en détresse car coincé dans la filière pelvienne avec une mère allongée sur son sacrum, en position gynécologique.
Alors, non ! On ne fait pas pousser une femme pas parce qu’elle est à 10.
Une femme est libre de pousser parce que ça la soulage, parce qu’elle en ressent le besoin. On attend surtout que la poussée arrive d’elle même. La poussée est naturelle et physiologique et la provoquer peut causer de graves dégats pour la mère comme pour le bébé.
Bernadette de Gasquet nous en parle
Médecin et professeur de yoga, Bernadette de Gasquet a formé de nombreuses équipes obstétricales à des techniques d’accouchement physiologique. “Je suis intervenue dans 75 % des maternités françaises, précise-t-elle. Désormais, les femmes sont plus libres de leurs mouvements durant le travail, on trouve des ballons et des coussins partout. Mais concernant l’expulsion, rien ne change ! Je répète qu’il faudrait attendre ce réflexe de poussée, d’une force de 40 kg. L’utérus se rétracte, pour libérer la partie restante du corps du bébé. Un “démoulage” ! Normalement, cela se fait tout seul, même sous péridurale, même pour les personnes paralysées ou dans le coma“.
Patience et confiance ! Les corps des femmes savent faire naître les bébés.
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